🛸 Tiens, c'est étrange #10

C'est peut-être le moment d'activer son Chronoscan (en mode visco-analyse)

Dans le décor
5 min ⋅ 31/03/2025

Dans ce numéro, on part explorer…

Photo de Miriam Espacio sur Unsplash

Un peu plus près des étoiles

« On peut faire pause ? J’ai vraiment besoin de savoir dans quel film j’ai déjà vu ce visage. » Oui, je suis ce type de personne. In-sup-por-ta-ble (c’est ma sœur qui me le dit souvent). En réfléchissant à un sujet de newsletter sympa et en rapport avec ma grande passion, ça a fait tilt. Je crois que j’ai trouvé ma nouvelle obsession, celle de trouver quels films ont été tournés dans les mêmes endroits. Je m’appelle Tara et je vous embarque avec moi à la découverte des lieux qui font le cinéma.

🪐 Dixième escale où nous poserons nos valises : bah on sait pas trop finalement. L’endroit est silencieux, les paysages s’étendent à perte de vue et on vient sûrement de marcher dans une substance verdâtre inconnue, à moins que le sol ne soit recouvert de sable noir. On croit apercevoir plusieurs soleils au loin, mais rien n’est moins sûr parce qu’on commence à avoir du mal à respirer et à aligner deux idées claires…

Et si ce territoire est connu dans le monde du cinéma, c’est parce que le 7e art adore explorer l’inconnu et se mettre au défi de retranscrire les mondes d’ailleurs par l’image. Autant un défi technique que stylistique, voyager en direction d’une autre planète permet d’imaginer des bestiaires nouveaux, de repenser les modes de fonctionnement des civilisations ou encore de bousculer les croyances. Le spectateur peut être fasciné par ce nouveau monde, ou avoir envie de fuir le plus loin possible. Derrière son écran, la posture d’explorateur devient jouissive. Direction : l’inconnu 🌌

Adresse : zut le GPS ne marche plus

Un film de science-fiction horrifique italien de 1965. Avec des vampires et des tenues de l’espace moulantes. Il fallait tenter. Dans ce long-métrage, deux vaisseaux spatiaux sont envoyés en mission d’exploration sur une planète mystérieuse. Sauf que l’un des équipages ne donne plus signe de vie. Quant aux membres de l’autre équipe, ils deviennent fous dès l’atterrissage et commencent à s’empoigner les uns les autres. Au fil de leurs macabres découvertes, ils vont comprendre que les habitants de cette planète n’ont pas de corps et tentent de les soumettre pour s’échapper de leur monde à l’agonie (spoiler : la mention vampire est une confusion, même si on voit un peu de sang).

Alors voilà, le budget est serré (avec tout de même la présence de vedettes internationales, Barry Sullivan et Norma Bengell), le scénario un peu plat, le jeu d’acteur pour le moins déroutant. Sauf que, des décennies plus tard, on retrouvera par exemple son influence dans la saga Alien. Tout ça grâce à son réalisateur, Mario Bava, un génie de la débrouille et du cadre (pour info, la version restaurée 4K s’est faite sous le patronage de Nicolas Winding Refn The Neon Demon, Drive). Ainsi, le brouillard coloré qui emplit le cadre masque la pauvreté des décors. Le cinéaste le dira lui-même : “Savez-vous de quoi était faite cette planète inconnue ? De deux rochers en plastique oui, deux : un et un ! des restes d’un péplum tourné à Cinecitta ! Pour renforcer l’illusion, j’ai rempli le décor de fumée.” De la débrouille, donc : les rochers sont multipliés par l’effet de miroirs et les prises de vue utilisaient l’effet Schüfftan.

Découvrir une autre planète, c’est ici être bombardé de couleurs et de contrastes aux effets psychédéliques. Les vaisseaux ont des allures futuristes avec des tableaux de bord aux milliers de touches et des murs gris. A l’extérieur, la planète semble vivante, ou en tout cas gronder. Lave, brume, rochers participent de l’atmosphère angoissante. Les esprits des “vampires” sont eux figurés par des points lumineux qui échappent aux explorateurs. Difficile de savoir ce que l’on doit combattre et comment.

Considéré comme un chef-d’oeuvre de la science-fiction française, La Planète sauvage s’ouvre dès les premières secondes sur des images étonnantes. Une femme court, son bébé dans les mains. Des mains bleues gigantesques arrivent à l’attraper et semblent s’amuser de son malheur. Sans connaître les raisons d’un tel acharnement, on comprend tout de suite que deux formes humanoïdes vont s’affronter. En effet, les Oms et les Draags luttent, les uns pour le pouvoir, les autres pour leur survie. Alors qu’on est habitué à la domination des hommes sur les animaux par exemple, les rapports de force sont ici inversés. C’est bien la civilisation humaine qui est sur le déclin, et seuls quelques spécimens ont été ramenés sur cette fameuse planète baptisée Ygam.

Les Oms passent ainsi leur temps à fuir les Draags, géants bleus aux yeux rouges sans paupières, dont la principale activité est la méditation. Mais voilà que le bébé que l’on a vu au début est recueilli par Tiwa et affublé d’un collier qui l’empêche de s’échapper : il est utilisé comme animal de compagnie par la jeune Draag. Deux temporalités vont coexister à partir de ce moment-là, le bébé grandissant plus vite que sa maîtresse. Et alors que celle-ci reçoit des leçons par l’intermédiaire d’un objet qui ressemble à un serre-tête, il va lui aussi bénéficier de ce savoir. Surtout, il va s’en servir pour redonner la connaissance, et donc le pouvoir, à ses pairs.

Il ne faut pas se fier aux tons pastel de ce monde où tout porte à l’onirisme. Ce film d’animation de René Laloux et Roland Topor, inspiré d’un roman de Stefan Wul “Oms en série”, n’est pas du tout dans la veine des films Disney qui font fureur à l’époque. Les 1073 plans du film ont nécessité trois ans et demi de travail et s’adresse plutôt aux adultes si l’on considère la multitude des grilles de lecture. Prix spécial du jury au festival de Cannes, le film véhicule autant des messages sur la paix que la protection de l’environnement ou les questions de colonisation. L’exploration d’un nouveau monde passe par toutes ces thématiques, passé l’émerveillement ou l’effroi devant une flore aux allures surréalistes à la Dali et un bestiaire fantastique qui rappelle le tableau de Jérôme Bosch, “Le Jardin des délices”. On a vite l’impression de voir un tableau constamment en mouvement qui nous fait osciller entre rêve et cauchemar. Le film, dans la veine du genre de l’anticipation, questionne la notion de supériorité chère à l’homme et envisage un monde où nous ne serions en réalité pas les explorateurs.

Le costume est… particulier. Des lunettes de plongée et un débardeur noir. Bon, il y a ces yeux perçants tout de même. Une sombre histoire qui a donné ce pouvoir de nyctalope (oui j’adore ce mot) à Riddick, antihéros sombre et taiseux campé par Vin Diesel. Les Chroniques de Riddick est le deuxième volet de la saga après le très efficace Pitch Black. Echec commercial et critique à sa sortie, le film devient culte au fil du temps. Parce que finalement, c’est assez bien. Et l’acteur le sait, car il endossera une nouvelle fois ce rôle dans un quatrième volet (Riddick 4 : Furya) prévu pour 2026.

Le film présente Riddick, exilé sur la planète gelée UV-6. On apprend qu’il le fait pour protéger ses amis Imam et Jack. Alors qu’un chasseur de primes est à ses trousses, le criminel est hanté par des visions d’une femme qui lui explique qu’il est le dernier représentant d’une race de guerriers connus sous le nom de Furiens. Quand il débarque sur Hélion Prime, district islamique de la Nouvelle Mecque, Aeron, une élémentaire de l’air jouée (Dame) Judi Dench, il apprend qu’il est la clé d’une prophétie. Il doit endosser le rôle de celui qui défiera une force malfaisante et apportera l’équilibre à l’univers. Toujours dans la mesure. Et là bim, les méchants Necromongers arrivent avec leur armée pour dévaster la planète.

“Froidement amoral, il a tout d’une crapule. c’est pourtant sur lui que les naufragés de Pitch Black devront compter pour leur survie. De tels hommes acquièrent parfois un statut de héros chez les amateurs de science-fiction.” Ce sont les mots de Vin Diesel pour raconter son personnage, qui ne parle pas pendant toute la première partie de Pitch Black, et fidèle à lui-même, n’aligne pas de grands discours dans Les Chroniques de Riddick. Ce qui est plaisant dans ce mélange de space opera à gros budget et série B (voire Z), c’est de voir l’implication de l’acteur principal et du réalisateur. On sent derrière une bouillasse numérique – qui vieillit ma foi assez bien – et des décors grandeur nature une volonté de créer un monde dans ses moindres détails. Les colonnades s’étendent à perte de vue, on alterne entre esthétique baroque et bédouine et il y a des trouvailles comme ce moyen de communication où l’on passe par un fantôme gluant emprisonné dans une cuve (je sais pas trop comment vous le décrire autrement). Malgré les zooms et dézooms de l’enfer dans un montage qui laisse parfois perplexe, le tout donne sacrément envie d’explorer l’univers.

Le bonus

MERCI d’avoir lu le dixième numéro de cette newsletter ! En attendant de découvrir notre prochaine destination, je vous laisse avec cette citation de Jacques Bergier, ingénieur chimiste et écrivain :

Les OVNI sont des hallucinations collectives provoquées par des extraterrestres.


Dans le décor

Par Tara -

Je m'appelle Tara et du haut de mes 25 ans, je vous embarque avec moi au pays des films et séries. Journaliste, j'essaie de décortiquer des scènes emblématiques pour vous donner envie de voyager et découvrir grands classiques et films de genre.