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Grimper sur les toits de la ville

Dans le décor
4 min ⋅ 12/07/2023

Dans ce numĂ©ro, on fait attention Ă  ne pas perdre l’équilibre pour admirer la vue depuis les toits d’


Photo de Ibrahim Uzun sur UnsplashPhoto de Ibrahim Uzun sur Unsplash

Plein la vue

« On peut faire pause ? J’ai vraiment besoin de savoir dans quel film j’ai dĂ©jĂ  vu ce visage. Â» Oui, je suis ce type de personne. In-sup-por-ta-ble (c’est ma sƓur qui me le dit souvent). En rĂ©flĂ©chissant Ă  un sujet de newsletter sympa et en rapport avec ma grande passion, ça a fait tilt. Je crois que j’ai trouvĂ© ma nouvelle obsession, celle de trouver quels films ont Ă©tĂ© tournĂ©s dans les mĂȘmes endroits. Je m’appelle Tara et je vous embarque avec moi Ă  la dĂ©couverte des lieux qui font le cinĂ©ma.

đŸ‡čđŸ‡· QuatriĂšme escale oĂč nous poserons nos valises : les toits d’Istanbul. Petite prĂ©cision pour ceux qui comme moi ont toujours un petit doute. C’est Ankara la capitale de la Turquie. Et vu qu’on adore les anecdotes sympas, les habitants d’Istanbul se nomment les Stambouliotes ou les Istanbuliotes. On finit le cours d’histoire-gĂ©o avec le nom mĂȘme de la ville, qui s’est appelĂ©e Byzance ou Constantinople selon les Ă©poques.

Et si Istanbul est connu dans le monde du cinĂ©ma, c’est notamment parce qu’Hollywood aime bien lui donner une aura particuliĂšre : celle propice aux films d’espionnage. Quoi de mieux qu’une course-poursuite dans le Grand Bazar, oĂč tout le monde peut se perdre parmi les 3000 Ă©choppes ? Ou se fixer un rendez-vous secret Ă  la basilique Sainte-Sophie, transformĂ©e en mosquĂ©e puis en musĂ©e. Direction les hauteurs, avec en toile de fond les monuments incontournables d’Istanbul. 🕌

Adresse : quelque part sur les toits, Istanbul, Turquie

„Ronson’s down. He needs medical evac.” La scĂšne d’ouverture donne bien le ton de chaque film consacrĂ© Ă  l’agent 007, juste avant un gĂ©nĂ©rique parfois tout aussi cĂ©lĂšbre. Dans Skyfall, James Bond doit poursuivre un ennemi tout en essayant de sauver la vie d’un collĂšgue. Premier dilemme de cet opus consacrĂ© Ă  l’enfance de l’espion qui a grandi en Écosse dans un manoir oĂč « le ciel s’effondre Â». Voici donc la poursuite inaugurale. À pied, en voiture, puis en moto : l’ennemi glisse entre les mains de Bond et Moneypenny.

C’est la course au-dessus du Grand Bazar qui nous intĂ©resse ici. Bond grimpe les escaliers et sillonne les toits au volant de sa moto. De quoi nous offrir pendant quelques instants une vue imprenable sur des rangĂ©es de briques orange, grĂące Ă  un montage lisible et des plans larges qui ne coupent pas Ă  outrance les actions des deux protagonistes. Les tons marron invoquent la chaleur des lieux et l’ñpretĂ© de la course, qui se termine sur le toit d’un train. M donne l’ordre d’abattre la cible. Moneypenny rate son tir. James Bond chute du pont d’Adana vers le prĂ©cipice. L’agent est laissĂ© pour mort. GĂ©nĂ©rique.

La voix envoĂ»tante d’AdĂšle et les images teintĂ©es de bleu et de rouge figurent la trame du long-mĂ©trage, Ă  savoir la chute d’un hĂ©ros qui devra s’engager dans un chemin initiatique pour reconstruire une histoire trop longtemps mise de cĂŽtĂ©. Les tons deviennent rapidement froids, c’est la mort symbolique de l’agent secret. Pas de panique, il faut remplir les 2h23 du film. On retrouve ainsi rapidement James Bond Ă  l’Ɠuvre.

S’il fallait choisir un film qui illustre le concept de carte postale, la suite des aventures de Bryan Mills est un bon candidat. Alors que sa femme et sa fille le rejoignent en Turquie, on a droit Ă  des plans aĂ©riens de la ville, le premier montrant la vue depuis l’hĂŽtel donnant pile sur la grande mosquĂ©e SĂŒleymaniye. Le rĂ©alisateur multiplie les plans, alterne les angles, pour nous montrer Ă  chaque fois une citĂ© imposante et baignĂ©e dans la lumiĂšre du jour.

Pour ce second Ă©pisode d’un film français (produit par Luc Besson) mettant en scĂšne des acteurs anglophones (Liam Neeson, Maggie Grace et Famke Janssen), on repassera. Le scĂ©nario recycle forcĂ©ment l’idĂ©e de l’enlĂšvement qui est son matĂ©riau de base, mais sans grande inventivitĂ© ni conviction. Seules quelques scĂšnes mĂ©ritent un lĂ©ger dĂ©tour, celles de la poursuite dans les ruelles du Grand Bazar et sur les toits qui rappelle grandement celle d’un autre (plus) cĂ©lĂšbre agent. En effet, les deux parties ont Ă©tĂ© tournĂ©es au mĂȘme endroit, avec pour toile de fond commune la MosquĂ©e neuve.

Ici, c’est la fille de l’agent Mills qui se dĂ©mĂšne pour Ă©chapper aux mafieux albanais Ă  ses trousses. Elle lance des grenades (au hasard) pour que son pĂšre se repĂšre en entendant le bruit des explosions ; elle fait des bonds de gĂ©ant entre deux maisons et se retrouve finalement coincĂ©e face Ă  son adversaire. Un Ă©talonnage froid et bleutĂ© pour un film qui n’a que quelques paysages Ă  offrir Ă  son spectateur.

 

« Kedi Â» veut dire chat en turc. Et des chats, il y en a partout Ă  Istanbul. La rĂ©alisatrice Ceyda Torun a voulu immortaliser la vie de sept d’entre eux, en lui suivant de prĂšs dans leur quotidien. « La psychopathe Â», « le joueur Â» ou encore « le gentleman Â», chacun a son caractĂšre et ses habitudes. Dans ce documentaire, on frĂŽle plutĂŽt le sol, les regards cam des diffĂ©rentes petites bĂȘtes amusent. C’est une plongĂ©e dans les quartiers de la ville, car habitants et animaux cohabitent chaque jour : „Without the cat, Istanbul would lose a part of its soul.”

De nuit comme de jour, les chats vagabondent des heures durant. Avant de dormir le reste du temps. VĂ©ritable lien affectif, l’animal est chouchoutĂ© par les citadins, car il fait partie intĂ©grante du dĂ©cor. Les gens leur ouvrent la porte des boutiques ou des immeubles pour les laisser passer, font volontairement tomber de la nourriture et disposent mĂȘme des gamelles exclusivement rĂ©servĂ©es aux petites boules de poils.

Tout au long de ce documentaire qui dĂ©borde de mignonitude, on embarque aussi dans un voyage spirituel. Le chat devient sacrĂ©, il relie l’homme au divin, redonne foi Ă  certains. Au dĂ©tour d’une rue, on trouve un petit ĂȘtre bien calĂ© dans les coussins d’une terrasse tandis qu’un autre s’approche au plus prĂšs du bord d’un toit d’immeuble. Et lĂ , on est comme le fĂ©lin. On observe la ville en contrebas d’un air satisfait.

Le bonus : la Citerne Basilique

C’est le moment de redescendre. L’un des trĂ©sors d’Istanbul se trouve au sous-sol : la Citerne Basilique, une rĂ©serve gigantesque sous terre d’une capacitĂ© de 78 000 m3. Elle aussi a eu le droit de servir de dĂ©cors de films, pour Bons baisers de Russie (1963) ou encore la derniĂšre adaptation d’un livre de Dan Brown, Inferno (2016).

Il était (encore) une fois James Bond en TurquieIl était (encore) une fois James Bond en Turquie


Dans le décor

Par Tara -

Je m'appelle Tara et du haut de mes 25 ans, je vous embarque avec moi au pays des films et séries. Journaliste, j'essaie de décortiquer des scÚnes emblématiques pour vous donner envie de voyager et découvrir grands classiques et films de genre.